L’épuisement professionnel (burnout) : quand l’investissement devient un fardeau
Le burnout, ou épuisement professionnel, n’est pas réservé aux professions soignantes. Il peut toucher tous les métiers exigeant un engagement personnel intense. La prévention doit se concentrer sur l’organisation du travail et éviter d’aggraver la santé des personnes déjà à risque.
Les trois dimensions du burnout
Le burnout est une réaction à un stress professionnel chronique, caractérisée par trois dimensions :
- Épuisement émotionnel : Sentiment d’être vidé de ses ressources émotionnelles.
- Dépersonnalisation/cynisme : Insensibilité, déshumanisation de la relation à l’autre (clients, patients…), vision négative du travail et des autres.
- Sentiment de non-accomplissement : Impression de ne pas répondre aux attentes, dépréciation des résultats, sentiment de gâchis.
Professions à risque
De nombreux métiers exigent un investissement personnel et affectif important, exposant les salariés au burnout lorsqu’ils ressentent un décalage entre leurs attentes, leur vision du métier et la réalité du travail.
Exemple : une infirmière hospitalière
Une infirmière témoigne de son épuisement, de l’impression de ne pas avoir le temps de bien faire son travail, de supporter de moins en moins les plaintes des patients, et de douter de la valeur de son métier. Les contraintes de son métier, sans organisation facilitante, ont eu raison de son engagement initial.
Facteurs de risque
Le burnout étant lié au stress au travail, les facteurs de risque sont similaires à ceux des risques psychosociaux :
- Surcharge de travail et pression temporelle
- Faible contrôle sur le travail
- Manque de soutien social
- Manque d’équité
- Insécurité de la situation
Ces facteurs peuvent s’ajouter à la charge émotionnelle inhérente à certaines professions (soignants, travailleurs sociaux, enseignants…) ou à la confrontation à la violence externe.
Conséquences sur la santé
Les manifestations du burnout peuvent être :
- Émotionnelles: Vide, impuissance, perte de confiance, irritabilité, pessimisme…
- Cognitives: Difficultés de concentration, indécision, altération de la qualité du travail…
- Physiques: Fatigue, maux de tête, troubles du sommeil…
- Interpersonnelles: Repli, isolement, agressivité, baisse de l’empathie…
- Motivationnelles: Attitude négative, désengagement…
Ces symptômes sont complexes et peu spécifiques, pouvant évoluer vers la dépression ou l’anxiété.
Prévention
La prévention du burnout passe par :
- Agir sur l’organisation du travail: Veiller à ne pas surcharger les salariés, favoriser le soutien social et le travail en équipe, améliorer la reconnaissance du travail accompli, assurer un traitement équitable, éviter les conflits éthiques.
- Repérer les situations de burnout: Être attentif aux signaux individuels (manque d’énergie, problèmes de concentration, irritabilité, dévalorisation, désinvestissement) et collectifs (indicateurs de risques psychosociaux).
- Prendre en charge les personnes atteintes: Proposer un entretien pour faire le point sur les difficultés, rechercher les causes liées au travail, contacter le médecin du travail, envisager un aménagement de poste.
Mesures de prévention collective
- Ne pas surcharger certains postes.
- Favoriser le soutien social (groupes d’échange, travail en équipe).
- Améliorer la reconnaissance du travail.
- Assurer un traitement équitable.
- Éviter les conflits éthiques.
- Signaux individuels à surveiller
- Manque d’énergie
- Problèmes de concentration
- Irritabilité
- Dévalorisation du travail
- Désinvestissement
Tout changement d’attitude doit alerter l’entourage professionnel.
Prise en charge
L’encadrement peut proposer un entretien aux personnes en difficulté. Le médecin du travail peut être consulté et un aménagement de poste envisagé. Le service de prévention peut aider à identifier les facteurs de risques professionnels.