Nanomatériaux : un potentiel immense, des risques à maîtriser
Les nanomatériaux offrent des perspectives prometteuses dans de nombreux domaines, de la recherche à l’industrie. Cependant, leur essor soulève des questions cruciales concernant les risques pour la santé, en particulier lors de l’exposition professionnelle.
Des propriétés uniques
À l’échelle nanométrique (milliardièmes de mètre), la matière présente des propriétés inédites (physiques, chimiques, biologiques), ouvrant la voie à des matériaux aux caractéristiques souvent révolutionnaires. Cette nouvelle famille d’agents chimiques se distingue par sa diversité en termes de composition, de taille et de propriétés physico-chimiques.
Des applications en constante expansion
Les applications des nanomatériaux sont en constante expansion, touchant des secteurs aussi variés que l’industrie pharmaceutique, les télécommunications, l’aéronautique et la chimie.
Situations d’exposition professionnelle : des risques variés
L’exposition des travailleurs aux nanomatériaux peut survenir dans de nombreuses situations :
- Manipulation de nanopoudres: transfert, échantillonnage, pesée, incorporation dans des matrices.
- Manipulation de suspensions liquides: transvasement, agitation, mélange, séchage.
- Usinage de nanocomposites: découpe, polissage, ponçage.
- Manutention: conditionnement, stockage, transport.
- Maintenance: nettoyage des équipements et locaux, changement de filtres.
- Gestion des déchets: collecte, conditionnement, entreposage, transport.
- Incidents: fuites de réacteurs ou de systèmes clos.
Dangers potentiels pour la santé : des connaissances encore limitées
L’inhalation est la principale voie de pénétration des nanomatériaux dans l’organisme, mais l’ingestion et le passage cutané sont également possibles. Leur petite taille leur permet de franchir les barrières biologiques et de migrer vers différents organes.
Les connaissances sur la toxicité des nanomatériaux sont encore incomplètes. Les études disponibles, souvent réalisées in vitro ou sur des animaux, sont difficiles à transposer à l’homme. Elles suggèrent cependant que :
- À masse égale, les nanomatériaux sont plus toxiques et provoquent une inflammation plus importante que les matériaux de taille supérieure.
- Chaque nanomatériau possède un potentiel de toxicité spécifique.
Caractérisation de l’exposition professionnelle : un défi
Les méthodes d’évaluation de l’exposition aux aérosols classiques ne sont pas adaptées aux nanoaérosols. Il est essentiel de mesurer non seulement la masse et la composition chimique, mais aussi la surface et le nombre de particules.
Il n’existe pas encore de méthode de mesure unique et consensuelle pour caractériser l’exposition professionnelle aux nanomatériaux. Les instruments existants sont souvent complexes, coûteux et encombrants.
Prévention des risques : une approche indispensable
Face aux incertitudes actuelles, il est crucial de mettre en place des mesures de prévention spécifiques dans tous les lieux où sont utilisés des nanomatériaux (entreprises, laboratoires, universités).
Ces mesures visent à éviter ou de réduire au minimum les expositions professionnelles. Elles s’appuient sur les principes généraux de prévention du risque chimique, tels que la substitution, la protection collective, la formation et l’information des salariés, et le suivi médical.
En résumé :
- Les nanomatériaux offrent un potentiel considérable, mais leur manipulation nécessite une vigilance accrue.
- La prévention des risques pour la santé des travailleurs est une priorité.
- Des mesures spécifiques doivent être mises en place dans tous les lieux concernés.
- La recherche sur la toxicité des nanomatériaux et les méthodes de mesure doit être renforcée.
